A l'issue d'une réunion avec les ministres de l'économie, de l'agriculture et de la consommation, François Fillon a annoncé une
"opération coup de poing", lundi 25 février, pour lutter contre ce qu'il estime être des abus de la part des
industries et des distributeurs de produits alimentaires en matière de
prix. Accusant ces derniers de
"profiter des hausses [des prix]
de matières premières agricoles
pour accroître leurs marges", le premier ministre a indiqué que le ministère de l'économie lancera, mardi, une enquête afin de déterminer
"où sont les abus" et de faire la part de
"ce qui est dû, dans la hausse des prix, à
l'augmentation des cours internationaux et ce qui est imputable au
marché français". L'objectif, a poursuivi M. Fillon, est d'expliquer
"pourquoi le marché français est entre 5 et
30 % supérieur aux autres marchés
européens", s'agissant des prix alimentaires.
Le premier ministre a par ailleurs demandé la publication, dès le 10
mars,
"des premiers résultats de l'Observatoire des prix et des marges", créé en novembre 2007.
"Un premier panel, portant sur vingt produits phares, sera analysé d'ici à la fin de la semaine", a-t-il précisé. Une Haute Autorité de la concurrence
"aux pouvoirs accrus" sera
créée dans le cadre du projet de loi pour la modernisation de
l'économie. Dans son communiqué, Matignon promet, en outre, une
"réforme de la réglementation afin de permettre la négociabilité des tarifs et une compétition accrue entre les distributeurs".Autant d'annonces jugées
"décevantes" par le porte-parole du PS, Julien Dray.
"Les décisions prises, dans l'urgence, sont décevantes et révélatrices de l'incapacité (...)
à répondre efficacement à l'envolée des prix et à la baisse du pouvoir d'achat", a-t-il déclaré.
POURSUITE DE LA HAUSSELe débat sur la flambée des prix des produits alimentaires a été relancé dimanche par une
enquête de l'Institut national de la consommation (INC)selon laquelle les prix de produits laitiers et céréaliers se sont
envolés, entre novembre 2007 et janvier 2008, de 5 à 48 %. Cette
enquête appuie les chiffres du cabinet Nielsen Panel publiés il y a
quelques jours, montrant une augmentation globale des prix en janvier
(+ 2,39 %) pour le quatrième mois consécutif, avec des hausses de plus
de 10 % pour les pâtes, les œufs et le lait.Les pouvoirs publics
et les associations de consommateurs s'étonnent de l'ampleur de ces
hausses, estimant que l'envolée des prix des matières premières ne
justifie pas cette flambée.
"Le prix du lait a augmenté de 30 % à la production. Il pèse pour
environ 20 à 30 % dans la fabrication d'un yaourt, donc
l'augmentation du yaourt n'aurait pas dû [dépasser]
10 %", a
estimé, lundi, le secrétaire d'Etat à la consommation, Luc Chatel. Or,
l'enquête INC montre que le prix de certaines marques de yaourt ont augmenté de
40 %.
Les distributeurs ont prévenu que les prix risquent de poursuivre leur envolée dans les mois à venir. Interrogé sur
France Infolundi matin, Michel-Edouard Leclerc, patron des magasins du même nom,
prévoit ainsi une augmentation de 4 % chaque mois au cours du premier
semestre, tandis que le patronat des distributeurs (FCD) évoque + 3 %
sur l'ensemble de l'année.