Castro frères.

Fidèle à son frère
aîné, le général Raul Castro, 76 ans, a pris la succession de Fidel, 81
ans, à la tête de l'Etat cubain. Dimanche 24 février, l'Assemblée
nationale, réunie à La Havane, a nommé l'ancien ministre de la défense
comme nouveau président du Conseil d'Etat - instance suprême du pouvoir
castriste - et président du conseil des ministres.

JOSÉ RAMON MACHADO VENTURA, 77 ANS : le numéro 2 du régime était chargé depuis 1990 de l'organisation au Parti communiste cubain (PCC).RICARDO ALARCON, 70 ANS : reconduit depuis 1993 à la présidence de l'Assemblée nationale. Réputé pour sa connaissance des Etats-Unis.GÉNÉRAL JULIO CASAS REGUEIRO, 72 ANS : il
remplace Raul Castro au ministère de la défense, après avoir pris le
contrôle des secteurs clés de l'économie, à travers le Groupe
d'administration des entreprises (Gaesa).GÉNÉRAL ABELARDO COLOMÉ IBARRA, 68 ANS : il a été reconduit à la tête du ministère de l'intérieur, passé sous la coupe des militaires depuis le procès Ochoa, en 1989.
La
surprise, pour les diplomates accrédités à La Havane et pour les
observateurs, est venue du choix du numéro deux du régime, désormais
successeur désigné de Raul Castro. Alors que beaucoup s'attendaient à
le voir flanqué de Carlos Lage, 56 ans, artisan des réformes
économiques, le choix s'est porté sur un représentant de la "vieille
garde", José Ramon Machado Ventura, 77 ans, devenu premier
vice-président du Conseil d'Etat et du conseil des ministres."Machadito",
ainsi qu'il est connu à La Havane, est médecin et ancien ministre de la
santé (1960-1967). Il est surtout un des hommes de l'appareil du Parti
communiste cubain (PCC), un nostalgique de l'Union soviétique, formé à
l'école stalinienne. Il était en première ligne lorsqu'il s'est agi de
freiner toute velléité de "perestroïka" à Cuba, quitte à limoger
d'autres dirigeants, séduits par les nouveaux vents venus de l'Est.Plusieurs
représentants de la vieille garde ont été reconduits ou promus
dimanche, comme le président de l'Assemblée nationale, Ricardo Alarcon
(70 ans). Outre M. Machado Ventura, la vice-présidence comprend le
nouveau ministre de la défense, le général Julio Casas Regueiro (72
ans) ; le ministre de l'intérieur, le général Abelardo Colomé Ibarra
(68 ans) ; le général Juan Almeida (80 ans) ; le dirigeant du PCC
Esteban Lazo (63 ans) et Carlos Lage.Dans son allocution de dimanche, reproduite en "une" du quotidien officiel Granma, Raul Castro a renvoyé "la composition du gouvernement à une future séance au cours de l'année". "Aujourd'hui,
nous avons besoin d'une structure plus compacte et fonctionnelle, avec
moins d'organismes de l'administration centrale de l'Etat", estime le nouveau président. Le but est de "rendre plus efficace la gestion gouvernementale". La "priorité" est de "satisfaire les besoins élémentaires de la population", notamment "en augmentant les productions agricoles et en améliorant leur commercialisation".GAGES DE CONTINUITÉRaul Castro s'est dit conscient "des nombreuses attentes suscitées aussi bien à Cuba qu'à l'étranger". Persuadé que "Fidel est irremplaçable", il a multiplié les gages de continuité. Il a pris l'engagement de consulter son frère sur "les décisions relevant de la défense, la politique extérieure et le développement socio-économique". Bref, tout ce qui détermine l'avenir de l'île. Il s'est insurgé contre "les oiseaux de mauvais augure qui annoncent la mort de la Révolution"."Changement, changement, changement !", s'exclamait le Lider Maximo, à propos des voeux émis aux Etats-Unis ou en Europe, dans son premier texte signé "réflexions du camarade Fidel",
daté du 21 février, deux jours après avoir renoncé aux titres de
président du Conseil d'Etat et du conseil des ministres et de
commandant en chef. "Je suis d'accord, changement, mais aux Etats-Unis, car Cuba a déjà changé il y a longtemps", poursuivait Fidel Castro, qui englobait dans sa diatribe "les puissances européennes amoindries alliées à ce système".A la veille de la réunion de l'Assemblée nationale, l'opposant démocrate-chrétien Oswaldo Paya assurait que "la société cubaine n'acceptera pas une réforme cosmétique qui se limite à dissimuler la situation actuelle".