Lincoln Six-Echo et Jordan Two-Delta sont des individus appartenant à une immense colonie souterraine ultra-dirigiste. Le seul espoir d'échapper à cet univers est d'être sélectionné par une loterie qui permet à une personne de gagner des vacances sur l'"Ile". Selon les dirigeants, l'Île serait le dernier territoire à avoir échappé à une catastrophe écologique qui ravagea notre planète il y a longtemps. Lincoln, comme tout le monde, a longtemps cru à ce paradis. Mais depuis quelque temps, le jeune homme commence à s'interroger sur le sens de sa vie. Un jour, il s'évade de sa cellule et assiste à une scène effroyable.Est-ce le
Michael Bay de
Rock ou bien encore de
Bad Boys qui a signé ce petit bijou de SF? On peut légitimement se poser la question tant le cinéaste semble avoir progressé et mûri en peu de temps. Il a bien gardé quelques traces de son passé mouvementé (notamment sur les scènes d'action, encore un poil trop rapides) mais rien de bien méchant.
Dès les premières images du film, futuristes et oppressantes, on pense immédiatement à deux classiques de la science-fiction: THX 1138 de
Georges Lucas et
Bienvenue à Gattaca d'
Andrew Niccol. Un peu plus loin dans la projection, on se dit que Bay a aussi du voir
Minority Report de
Spielberg. On y retrouve le même type de société déshumanisée où l'homme est réduit à l'état de pantins et où il n'a d'autre choix que de se plier aux volontés d'instances supérieures. Comme d'habitude, il existe un homme (et une femme!) un peu plus malin que les autres. Ici, il s'agit de Lincoln Six-Echo (
Ewan Mac Gregor, parfait) et de sa camarade Jordan Two-Delta (
Scarlett Johansson, délicieuse!), bien décidés à élucider le mystère qui plane sur cet univers retiré du reste du monde. Une première partie parfaitement menée qui révèle progressivement les enjeux et les desseins poursuivis par cette étrange organisation.
Globalement, on est épaté par le savoir-faire et le sens de la narration de Bay, d'habitude plus bourrin et incendiaire que cela. On se dit alors que le réalisateur doit avoir des fourmis dans les mains, que cela doit le démanger de ne pas enfiler les cascades et les explosions comme au bon vieux temps. La seconde partie du film, ultra-dynamique, va lui permettre de libérer ses pulsions. Grâce à la fuite des deux héros, on a droit à l'une des plus spectaculaires course-poursuite en voiture vue depuis ...
Terminator 3. Suivie immédiatement d'une tonitruante balade en engin spatial qu'on dirait échappé de
Star wars! Inutile de vous faire un dessin, les références plutôt philosophiques du début laissent leur place à quelque chose de plus rentre-dedans du genre
True Lies ou le sus-cité Terminator. On en prend plein les mirettes et on en redemande tellement c'est bon...
Le gros point fort de The Island, hormis sa technique et son scénario, réside dans le fait qu'il a parfaitement su faire le pont entre le cinéma commercial et le cinéma d'auteur, le blockbuster et le film de genre! Le final, poignant et plus intelligent que la moyenne, est un moment très émouvant qui interpelle fortement sur les dérives de la science et du clonage, le thème principal du film (mais chut, ne gâchons pas le suspense du scénario).
Un futur classique? C'est bien possible même s'il est encore trop tôt pour se prononcer.
A ce titre, le bide du film au box-office Américain est totalement incompréhensible voir navrant.